mercredi 16 décembre 2009

Sango time

Bonjour bonjour!
Voilà un article qui pourrait intéresser particulièrement mes amis linguistes et ferrus de langues (petite pensée pour le Guioup au passage), ainsi que les lettrés chevronnés (petite pensée pour Marie ma belle soeur) mais cela n'empêche pas que tout le monde puisse le lire!
Vous pouvez vous poser des questions sur le choix de mes articles! Oui, mon père j'ai pêché (peut être qu'un jour un prêtre lira cet article...), moi que vous connaissez tous bien, passionné par les langues, je n'ai encore fait aucun article sur le Sango!
Ce voyage a bien sûr ceci de différent qu'il se passe en pays francophone, ce qui évite bien des difficultés (croyez moi, j'en rencontre déjà assez des difficultés!). le français est présent partout, dans la plupart des médias, et la quasi totalité des gens que nous rencontrons ici à Bangui se débrouille finalement assez bien dans cette langue! Mais que suis-je venu faire ici? me demandez vous! Il s'avère que parfois, lorsque je marche dans la rue, que je passe une journée avec des centrafs' ou que tout simplement je suis au boulot (ben oui, 54 employés à l'alliance, 4 français, le reste est local), j'entends des sons, des mots, des chansons que je ne comprends pas! Vous le savez tous, ici, il y a deux langues officielles, le français évidemment, et le sango. Alors asseyez vous, prenez dix minutes, et découvrez avec moi cette langue.
Le sango est à l'origine (impossible de donner dans un pays à tradition orale une date à cette langue...) une langue qui avait été inventée par les gens du fleuve (l'Oubangui), les piroguiers qui descendaient en direction du Cameroun avec leur cargaison. Elle a ensuite été diffusée sur tout le territoire centrafricain par les missionnaires en partance pour les terres centrafricaine. Elle s'est depuis réellement ancrée ici, et reste LA langue de Centrafricaine (même si d'autres langues sont tout de même présentes). Ici à Bangui, cela se ressent évidemment beaucoup moins, mais dès que l'on s'éloigne un peu de la capitale, parler le sango devient justement... capital (j'espère que les littéraires ont apprécié ce petit jeu de mot!).
Le sango est dans un sens très simple, Il y a très peu de mots (puisque comme vous le savez le vocabulaire dépend de notre réalité) et quasiment pas de grammaire: pour parler au passé, on ajoute awé en fin de phrase, pour le futur: andé ou fadé). Autant dire qu'on parvient très facilement à le baragouiner.
Mais il est à la fois très difficile pour deux raisons. Tout d'abord parce qu'il y a des phonèmes dans ce langage que nous ne connaissont pas. Les enchainements de NG, GB ou MB par exemple ne sont pas dans nos habitudes. Il faut donc s'entrainer un peu avant de les prononcer. La deuxième raison est également phonétique mais bien plus importante. Je m'explique: Il y a dans cette langue 3 intonations: ton haut, moyen et bas, qui sont tout de même au début très difficiles à calculer. Même si ces intonations se perdent maintenant avec l'évolution de la langue ou tout à tendance malheureusement à se simplifier, certains ethnies en Centrafrique continuent d'apporter de l'importance à ces tons. Ces différentes tonalités déterminent bien évidemment la signification du mot, et donc un même mot peut avoir plusieurs sens. C'est la cas par exemple du mot koua. Prononcé haut, ce mot a pour signification: le travailPrononcé bas, on parle de la mort. Même chose pour le mot Ngo
qui veut dire tamtam, pirogue, et grossesse. voui voui, vous avez bien lu!
Le dernier élément que je voulais vous citer concerne finalement l'aspect culturel de cette langue, puisqu'en simplifiant, tout langage est finalement reflet de la culture. Le sango est une langue extrêmement imagée, et chaque concept représente finalement une image bien précise. Voici donc pour vous, et je terminerai mon article la dessus, mots ou expressions que j'ai trouvé digne d'intérêt. Je vous les donne avec la mot sango, sa traduction littérale et sa traduction en français.
- rêver: regarder sa tête: ba li
- Ngu ti nzapa: l'eau de dieu: la pluie bien évidemment
- tene a yeke ape: y a pas de parole: pas de problème.
- Pardon (prononcé avec un r roulé) signifie à la fois pardon, mais également s'il te plait
- Kekereke, qui signifie demain a été inventé en s'inspirant du chant du coq.
Et ma petite préférée, qui développera j'en suis sûr vos compétences en tant que poètes:
- Kanga be timo: attache ton coeur: calme toi.

Je vous embrasse.

3 commentaires:

  1. mon premier travail en arrivant au bureau à 7h. je regarde si Bangui a pensé à ses lecteurs !
    et ce matin, une autre petite histoire sympa.
    Merci
    christine

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  2. Salut Fiston,

    Déssormais, nous nous exprimerons en Sango à la maison.... pour ne garder que l'essentiel.

    Mais est-ce qu'on peut aussi dire :
    "va te laver les dents" pour rester dans l'essentiel ou "il neige"!!!!! ce qui est le cas ce soir à Lyon.

    Biz

    Mum

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  3. Salut, je suis ton blog de Bruxelles, et il est vraiment trés bien fait! ancien ressortissant de Bangui lou j'y ai vécu 12 ans, ça me fait plaisir d'avoir d'une manière aussi original, encore merci!

    pour Fabi
    "va te laver les dents" > Gué mon soukoula pèmbè ti mon
    (petite note les L sont bien souvent dites R - ne me demandez pas pourquoi: un centrafricain dira donc "Gué mon soukouRa pèmbè ti mon" - c'est d'ailleurs comme ça qu'on capte direct un expat qui parle sango car souvent ils l'aprenne dans les livres et dans les livres les L sont toujours des L :-)
    pour il neige on dira "la neige tombe" "neige A ti" ce qui n'est pas prête d'être prononcer à Bangui

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